Le Mexique offre l'asile à Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks réclamé par les États-Unis

Manifestation de soutien à Julian Assange, Londres, 4 janvier 2021
Manifestation de soutien à Julian Assange, Londres, 4 janvier 2021 Tous droits réservés Frank Augstein/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved
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Par euronews avec AFP, EFE
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Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, s'est vu proposer l'asile politique par le président du Mexique. Une annonce qui a surpris. Les États-Unis étaient déjà extrêmement déçus du rejet de leur demande d'extradition par la justice britannique.

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Le Mexique a offert l'asile politique à Julian Assange, fondateur du portail WikiLeaks. Une annonce qui a surpris la communauté internationale et pourrait créer de nouvelles frictions avec les Etats-Unis, même si cela s'inscrit dans la tradition d'accueil du pays latino américain.

De Léon Trotsky à Evo Morales, en passant par Fidel Castro ou Luis Bunuel, le Mexique n'en est pas à son coup d'essai.

Le président Andrés Manuel López Obrador a fait cette offre après qu'un tribunal britannique a rejeté l'extradition de Julian Assange vers les États-Unis au motif qu'il risquait de se suicider.

"Nous proposons le pardon pour Monsieur Assange, l'amnistie et l'asile à Mexico. Nous lui fournirons protection, nous ferons cet effort".

Cette annonce a été applaudie par les partisans du lanceur d'alerte au niveau international. Mais pour l'heure, il n'est pas certain que Julian Assange ou le Royaume-Uni accepte cette proposition.

C'est hier, lundi, qu'une juge britannique a refusé de remettre le fondateur de WikiLeaks à la justice américaine, qui le réclame pour la publication de centaines de milliers de documents confidentiels.

Le feuilleton en cours qui dure depuis une décennie autour de l'Australien de 49 ans, devenu pour ses soutiens un symbole du combat pour la liberté d'informer, ne s'arrête pas là. Les autorités américaines ont l'intention de faire appel de la décision rendue.

Julian Assange risque 175 ans de prison aux États-Unis. Il reste dans l'immédiat détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, à l'est de Londres, avant une audience prévue ce mercredi pour examiner une demande de mise en liberté.

Il y avait été amené immédiatement après avoir été extrait en avril 2019 de l'ambassade d'Equateur à Londres, où il s'était réfugié sept ans plus tôt, déguisé en coursier, alors sous le coup de poursuites pour viol en Suède, depuis abandonnées.

Pendant ses années de réclusion dans ces locaux diplomatiques, Assange a eu deux enfants avec l'une de ses avocates, Stella Moris, une Sud-Africaine de 37 ans.

Son image de "cyber-warrior" s'est brouillée au fil des ans, en particulier avec la diffusion par sa plateforme, en 2016, à un moment-clé de la campagne présidentielle américaine, de milliers de courriels piratés provenant du Parti démocrate et de l'équipe d'Hillary Clinton qui ont contribué à fragiliser la candidate.

Ces révélations avaient alors suscité des éloges appuyés du candidat Donald Trump, qui avait lancé lors d'un meeting: "J'adore WikiLeaks !" Selon la CIA, ces documents ont été obtenus auprès d'agents russes, ce que nie la plateforme.

Cet épisode a alimenté les soupçons de collusion avec la Russie d'un Assange dont les révélations se font souvent au détriment des Etats-Unis, et qui a collaboré avec la chaîne de télévision RT, proche du Kremlin.

Cinq choses à savoir sur Julian Assange et WikiLeaks (source AFP)

De la diffusion de centaines de milliers de câbles diplomatiques, son principal fait d'armes, à la décision sur l'extradition de Julian Assange lundi, cinq choses à savoir sur WikiLeaks et son fondateur :

WikiLeaks se fait connaître du grand public en 2009 avec la publication de centaines de milliers de messages de bipeurs envoyés aux Etats-Unis le 11 septembre 2001.

L'ONG, fondée en 2006 par Julian Assange, sur une technologie de cryptage, permet de mettre en ligne des documents compromettants sans être identifié.

Elle est ensuite allée crescendo dans ses révélations, publiant la vidéo d'une bavure de l'armée américaine en Irak, puis des milliers de documents militaires sur l'Afghanistan.

Le 28 novembre 2010, WikiLeaks publie, avec l'aide de cinq grands médias internationaux (The New York Times, The Guardian, Der Spiegel, Le Monde, El Pais), plus de 250 000 documents secrets révélant les dessous de la diplomatie américaine. Après ce "cablegate", Julian Assange devient l'ennemi public numéro un aux Etats-Unis.

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Au total, le site revendique avoir publié "plus de 10 millions de documents" concernant la finance, le divertissement ou la politique.

A ses débuts, WikiLeaks, fruit d'une collaboration internationale entre mathématiciens, notamment des dissidents chinois, visait les régimes répressifs en Asie, dans l'ex-bloc soviétique, en Afrique sub-saharienne et au Proche-Orient. Mais la plupart des révélations ont été faites au détriment des Etats-Unis et souvent au bénéfice de la Russie.

Celle-ci est notamment soupçonnée d'être à l'origine de la fuite d'emails internes au parti démocrate aux Etats-Unis, publiés par WikiLeaks à l'été 2016. Le site a également révélé des affaires d'espionnage d'alliés par les Etats-Unis (présidents français, chancelière allemande...).

WikiLeaks est également accusé de mettre en danger des personnes dont il révèle l'identité, au nom de la transparence.

Au fil des ans, plusieurs médias et personnalités ont ainsi pris leurs distances, même si Julian Assange assure travailler avec "plus de 110 organisations médiatiques" dans le monde.

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Difficile de dissocier WikiLeaks de son fondateur australien, génie persécuté pour les uns, manipulateur paranoïaque pour les autres.

La Suède

Sous le coup depuis 2010 d'un mandat d'arrêt émis par la Suède dans le cadre d'une enquête pour viol, Assange se réfugie en 2012 dans l'ambassade d'Equateur à Londres.

Reclus dans la chancellerie pendant près de sept ans et naturalisé équatorien, il en est finalement extrait par la police britannique à l'occasion d'un changement de pouvoir à Quito.

Si la plainte pour viol a été classée sans suite, Assange est sous la menace d'une extradition vers les Etats-Unis pour la publication de milliers de documents confidentiels.

Manning et Snowden

Le "cablegate" n'aurait pas été possible sans la militaire américaine transgenre Chelsea Manning, qui a transmis à WikiLeaks plus de 700 000 documents confidentiels. En août 2013, elle a été condamnée à 35 ans de prison par une cour martiale.

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Elle a été libérée après sept ans à la faveur d'une peine commuée par Barack Obama, mais a été à nouveau écrouée en mars 2019, en raison de son refus de témoigner dans une enquête sur WikiLeaks.

Un autre lanceur d'alerte, Edward Snowden, ex-employé de la NSA à l'origine de révélations sur des programmes de surveillance de masse, a bénéficié du soutien actif de WikiLeaks bien qu'il n'ait pas choisi le site pour se confier. Julian Assange lui a recommandé de s'exiler à Moscou pour échapper à la justice américaine.

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