Les trottinettes électriques partagées et leur bilan environnemental peu reluisant

Utilisateur de trottinette électrique - Paris, le 12/08/2019 - Archives
Utilisateur de trottinette électrique - Paris, le 12/08/2019 - Archives Tous droits réservés Lewis Joly/Copyright 2019 The Associated Press. All rights reserved
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Par Cyril Fourneris
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Saviez-vous que le bilan environnemental des trottinettes électriques laisse à désirer ? Selon une étude, le plus souvent, elles ne remplacent pas les trajets en transports les plus polluants et leurs composants ont une forte empreinte carbone.

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En seulement quelques années, les trottinettes électriques partagées ont conquis les villes européennes. Selon leurs utilisateurs, elles sont bon marché, rapides, agréables, pratiques et bien entendu, électriques. Ce qui suggère qu'elles seraient bonnes pour le climat. En réalité, ce n'est pas si simple.

D'après une étude menée à l'échelle de Paris, une trottinette électrique partagée de deuxième génération émet toujours six fois plus de CO2 par km que le métro. Elle pollue certes, trois fois moins qu'une voiture. Mais seule une petite partie des trajets effectués en trottinette aurait été fait en voiture, taxi ou bus. Celle-ci vient surtout, remplacer les moyens de transport moins polluants.

La manufacture de la trottinette pose problème

Anne de Bortoli, coauteure de ces études, dresse un bilan climat plutôt négatif de son déploiement à Paris même si des améliorations ont été apportées depuis.

"Aujourd'hui, la plupart des opérateurs ont réussi à réduire l'impact qui vient de la gestion de leur flotte ; de ce fait, la majorité des émissions de gaz à effet de serre provient de la manufacture de la trottinette," précise Anne de Bortoli qui est chargée du Pôle de recherche carbone neutralité à Polytechnique Montréal. "Elle a une petite batterie qui a une empreinte carbone qui n'est pas négligeable, mais principalement, elle est conçue avec un cadre en aluminium et cet aluminium a un poids carbone très, très élevé," fait-elle remarquer.

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Selon une étude menée à Paris, les trottinettes électriques remplacent essentiellement les modes de transports moins polluantseuronews

Des incivilités qui amènent une pollution

Parmi ses inconvénients, il y a aussi les incivilités de certains utilisateurs. À Paris, "l'île aux cygnes" a été rebaptisée "l'île aux trottinettes" par le jeune Raphaël et son père, deux "pêcheurs à l'aimant" dans la Seine qui partagent leurs vidéos sur les réseaux sociaux.

"On en a pêché au moins 170 sur trois ans à peu près," explique Raphaël qui se fait appeler Raf sur Seine. "Je ne sais pas ce qu'ils veulent faire avec, mais je ne vois pas l'intérêt de les jeter dans l'eau," souligne l'adolescent.

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Depuis trois ans, Raphaël et son père repêchent grâce à des aimants, les trottinettes jetées dans la Seine pour qu'elles finissent en déchetterieeuronews

Des nano-particules et métaux dangereux pour l'environnement

Pour limiter la pollution de l'eau, les opérateurs assurent isoler les batteries dans des caissons étanches. Mais pour le scientifique Jérôme Gaillardet, la protection parfaite n'existe pas. 

"On manque d'études sur la manière dont ces batteries se corrodent quand elles sont abandonnées dans l'environnement," indique ce professeur de l'Institut de Physique du Globe de Paris. "Probablement, des métaux comme le nickel, le plomb et le mercure qui sont présents en petite quantité dans ces batteries sont les plus dangereux pour l'environnement," poursuit-il. 

"Mais il ne faut pas négliger la création de ce qu'on appelle les nano-particules qui sont des petites particules qui emportent avec elles les métaux et qui se faufilent à peu près partout dans les tissus vivants et qui peuvent contaminer toute la chaîne alimentaire," prévient-il.

Une chose est sûre : le business des trottinettes électriques est florissant en Europe avec des revenus qui devraient croître d'environ 15 % par an jusqu'en 2026.

Mais contribueront-elles vraiment à la réduction des émissions liées aux transports ? Cela dépendra principalement des efforts des entreprises du secteur.

Journaliste • Cyril Fourneris

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